CARNET DE L’AMATEUR


12 March 2024

"Madame Du Barry, de Versailles à Louveciennes"

Dernière maîtresse du roi Bien-Aimé, mais malmenée par l’Histoire, Jeanne Bécu Du Barry laisse derrière elle un sulfureux parfum de plaisir et de frivolité. Un groupe d’historiens lui consacre un bel ouvrage qui tend à réhabiliter sa mémoire et surtout le goût très sûr qui fit de Jeanne Du Barry une de plus grandes collectionneuses de son temps.
Le livre, paru aux éditions Flammarion en 1992 à l’occasion d’une exposition consacrée à Louveciennes à Madame Du Barry, revient sur tous les champs artistiques où celle-ci a fait montre d’un goût personnel affirmé. Architecture, sculpture, peinture, objets d’art, mobilier, ce catalogue complet embrasse la frénésie de la comtesse à collectionner les objets les plus luxueux.
Les mauvaises langues parlent de l’amour vénal de celle qui se rêvait princesse, du matérialisme de la parvenue qui avait peur de mourir, du consumérisme de la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf. Nous nous contentons d’admirer une collection heureusement connue grâce à de nombreux inventaires, et bien retranscrite dans le livre. Les nombreuses photographies en rendent agréable la lecture tout en illustrant judicieusement une collection très fournie. Nous soulignons la présence importante des meubles de Carlin dans la collection de la comtesse, le nec plus ultra de la production mobilière du XVIIIe, que le marché de l’art s’arrache encore aujourd’hui, et que Jeanne Bécu préférait ornés de plaques de porcelaine.
Une collection dont l’écrin reste à jamais rattaché au nom de sa commanditaire, le pavillon de Louveciennes, où se côtoyaient grands décors et meubles précieux. Des meubles précieux mais fragiles, comme la destinée de Jeanne Du Barry qui prend brusquement fin en 1793 sur l’échafaud, victime de la révolution française. Elle ne laissera pas derrière elle une foule d’éplorés, mais plutôt un ensemble de meubles et d’objets d’art remarquables qui racontent une perfection technique et artistique dont on ne se lasse pas.

Un livre à dévorer entre deux macarons, et duquel nous serons heureux de discuter avec vous à l’Hôtel de Bouillon.



Collectif d’auteurs, Madame Du Barry, de Versailles à Louveciennes, éditions Flammarion, Paris, 1992.

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