CARNET DE L’AMATEUR


22 February 2024

Frédéric Maurice de la Tour d’Auvergne, le frondeur

Fils aîné de la maison des princes de Sedan, Frédéric-Maurice est destiné à la carrière des armes. Sa mère, issue du troisième mariage de Guillaume Ier d’Orange-Nassau, envoie son fils faire ses armes auprès de son demi-frère, le prince Maurice de Nassau. D’abord présenté comme un enfant taiseux, le jeune Frédéric-Maurice se distingue peu à peu par une grande intelligence humaine qui l’amène à une certaine popularité utile tout au long de sa carrière militaire. La principauté d’Orange, dont son oncle est le Stathouder, est alors engagée dans la guerre de Quatre-Vingt Ans contre la couronne d’Espagne ; durant le conflit, Frédéric-Maurice dirige avec succès le siège de Bois-le-Duc, ville acquise à la cause espagnole.

Une fois son apprentissage terminé, Frédéric-Maurice, prince de Sedan depuis la mort de son père en 1623, prend du service en France en commandant l’armée des Flandres en 1635. Prince de sang, il est à la tête d’une maison qui n’est pas vassale de celle de France, ce qui confère à la ville de Sedan une position influente et stratégique. Le prince de Condé se réfugie là en 1641 après qu’un complot ourdi par lui contre Richelieu ait été découvert. La France est en pleine guerre de Trente Ans contre l’Espagne, aux côtés de laquelle le Grand Condé s’est rangé. La principauté de Sedan obtient donc des aides militaires de la part des alliés espagnols, à savoir les troupes autrichiennes ; il affronte alors les armées du roi de France, dirigées par le maréchal de Coligny. La bataille tourne d’abord à l’avantage de l’armée sedanaise, mais le maréchal de Coligny décide à l’issu de la bataille d’assiéger la ville de Sedan, obligeant Frédéric-Maurice à rendre les armes, le 4 août 1641. Il négocie en échange de sa reddition une charge militaire au service du roi de France : il part donc à la tête des armées d’Italie.

Il est encore en Italie, à la tête des ses armées lorsqu’il est arrêté, un an plus tard, pour implication dans la conjuration de Cinq-Mars. Son arrestation se fait en deux temps, le prince ayant commencé par se cacher dans le grenier d’un tavernier pour échapper aux gens d’armes. Frédéric-Maurice est ensuite emprisonné au Château de Pierre-Scize, à Lyon. Sa mère tente d’intervenir en sa faveur auprès de Richelieu, mais elle s’essuie un refus ferme de la part de ce dernier et décède avant de voir la situation de son fils s’améliorer. Eléonore de la Tour-d’Auvergne, sa belle-fille, qui gouverne la principauté souveraine en l’absence de de son mari, va alors user de ce levier pour exercer une pression sur Louis XIII. Soit il libère son mari, soit elle livre la place de Sedan aux espagnols. Ce stratagème permet à son mari de sortir de prison, à condition de renoncer au titre de prince souverain de Sedan.

Frédéric-Maurice de la Tour-d’Auvergne n’est désormais plus que duc de Bouillon et se retire à Turenne, en compagnie de son épouse, où il mène une vie simple, occupée à la lecture et à la chasse en espérant une compensation pour la cession de sa principauté à la France. A la mort du roi Louis XIII, le duc de Bouillon monte à Paris pour supplier la régente de lui remettre – temporairement - la place de Sedan. Il aurait même proposé, pour preuve de sa bonne foi, de remettre ses enfants en otage au cardinal de Mazarin, nouveau conseiller de la Régente. Frédéric-Maurice de la Tour-d’Auvergne subit un refus qui ne calme pas ses velléités frondeuses. Lorsque la Fronde des princes éclate, en 1651, son épouse, résidant à Paris, est d’abord assignée à résidence, puis après une première tentative de fuite, est embastillée. Par l’entremise d’Anne de Gonzague, la duchesse est libérée ; Frédéric-Maurice retrouve donc sa femme à Pontoise, mais il décède rapidement après, en 1652.
De son union heureuse avec Eléonore de Bergh sont nés dix enfants dont Godefroy Maurice, grand chambellan de Louis XIV et premier habitant de l’Hôtel de Bouillon...

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