CARNET DE L’AMATEUR


16 February 2024

Le Vicomte de Turenne

Vous êtes-vous jamais douté que l’histoire de la maison de Bouillon rejoignait celle de la grande Histoire de France ? 
Chacun connaît pourtant le nom du vicomte de Turenne qui s’est illustré au cours du XVIIe siècle, notamment en devenant lors de la Fronde la tête de file des armées royales, contre son propre frère, le duc Frédéric-Maurice de Bouillon, qui, lui, se range du côté des frondeurs. 
Henri de la Tour d’Auvergne naît en 1611, au château de Sedan. Sa mère est une Orange-Nassau, une grande famille protestante, et c’est dans cette foi-là qu’est élevé le jeune Henri. Enfant, Henri n’est pas ce qu’on appellerait un esprit vif ; quoique toujours approfondies, ses réflexions sont le fruit d’un lent travail et l’on s’inquiète de savoir que sa place de cadet de famille le destine à la carrière de militaire, d’autant qu’il n’est pas robuste. Une anecdote, aujourd’hui entrée dans la légende, raconte qu’un soir, son père ayant une fois de plus raillé sa fragile constitution, Henri s’enfuit sur les remparts de Sedan, où on le retrouve endormi sur l’affût d’un canon- ayant voulu prouver sa bravoure à son entourage.
 
Il part se former militairement auprès de son oncle maternel, le prince Maurice d’Orange-Nassau, en entrant dans sa quatorzième année. Il est affecté à l’infanterie, en tant que simple soldat. La vie de soldat façonne le jeune Turenne qui restera toujours très proche de ses hommes, même une fois parvenu au haut commandement.
 
La France des années 1620 est secouée par les révoltes successives des places fortes protestantes, qui se greffent sur le chaos apporté par la guerre de Trente Ans. Turenne, de confession protestante, offre pourtant de mettre son épée au service de Louis XIII, malgré la défiance de Richelieu à son égard. Sa grande intelligence militaire le distingue notamment lors du siège de la Mothe. Rapidement, Turenne se rend irremplaçable et mène à bien les différentes opérations militaires qu’on lui confie.
 
Mais son frère aîné, Maurice-Frédéric de Bouillon, prince de Sedan, complote contre le cardinal de Richelieu avec les autres grands du royaume de France, ce qui dessert l’avancement d’Henri de la Tour d’Auvergne. Lors de la conjuration de Cinq-Mars, en 1642, le duc de Bouillon voit sa peine allégée en vertu des mérites militaires de son frère Turenne, qui travaille pendant ce temps à la conquête du Roussillon, et est nommé Maréchal de France en 1643 par Marie de Médicis.
 
Turenne passe un temps du côté des Frondeurs, mais se range très vite aux côtés du roi. C’est d’ailleurs lui qui va devoir affronter Condé, chef militaire avec qui, il déjà eu de nombreuses fois l’occasion de travailler. La bataille de Bléneau, en 1652, reste sans issue, mais contraint le prince de Condé à se réfugier dans les Flandres Espagnoles. Au service du roi d’Espagne, il dirige une fois encore ses armées et s’oppose de nouveau à Turenne dans la Guerre franco-espagnole à la bataille des Dunes (1658).
 
Après le décès de son épouse, Charlotte Caumont de La Force, qui le laissera inconsolable et sans postérité, il se convertit en 1668 au catholicisme, sous l’influence de Bossuet.
 
Remarquable par son courage et sa détermination à rester toujours à la tête de ses hommes sur le champ de bataille, Turenne prend également part à la guerre de Hollande. Il remporte entre autres la bataille d’Enthzeim en 1674. Les saisons se poursuivent, ainsi que les batailles, mais le brillant parcours militaire de Turenne est brusquement stoppé par un boulet de canon lors de la bataille de Salzbach, le 27 juillet 1675. Turenne est honoré partout dans le royaume, et son décès suscite un vaste mouvement de ferveur populaire.
 
Bien que décédé trop tôt pour connaître l’acquisition par son neveu de l’Hôtel de Bouillon, la renommée de Turenne alimente celle de la maison de Bouillon, dont subsiste aujourd’hui un hôtel très confidentiel à Versailles, mais que la Galerie Pellat de Villedon ouvre exclusivement pour vous. A défaut de vous faire revivre les chevauchées épiques du grand Turenne, l’Hôtel de Bouillon vous racontera l’histoire d’une époque pas encore tout à fait révolue.

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