CARNET DE L’AMATEUR


9 February 2024

Godefroy de Bouillon

Godefroy de Bouillon est né vers 1058, et mort en 1100 à Jérusalem. Les historiens peinent à s’accorder sur le lieu exact de sa naissance, mais il semble vraisemblable que Godefroy de Bouillon soit né à Boulogne-sur-Mer, le fief paternel. Ses parents, Eustache et Ide de Boulogne, sont issus de grandes lignées, son père étant descendant de Charlemagne et beau-frère du roi d’Angleterre Edward le Confesseur. D’un tempérament fougueux, Eustache consacre son énergie aux campagnes militaires, prenant notamment part à la Bataille d’Hastings qui permet à Guillaume le Conquérant d’accéder au trône d’Angleterre. Les biographes décrivent son épouse Ide comme une femme dynamique et très présente dans l’éducation de leurs trois fils, Eustache, Godefroy et Baudoin. Outre cela, on lui connaît également une grande piété, qui la pousse à fonder plusieurs abbayes, dont celle de Notre-Dame de la Chapelle et celle de Saint-Michel de Wast. Ide hérite, par son père, de nombreuses terres, et son unique frère hérite, lui, du duché de Bouillon et du duché de Basse-Lotharingie. Sans héritier, il fait venir auprès de lui le fils cadet de sa sœur, Godefroy, dont il prend en charge l’éducation.
 
Seulement, les titres de duc de Bouillon et de Basse-Lotharingie relèvent du pouvoir impérial, et en 1076, à la mort du duc, l’empereur du Saint Empire Romain Germanique tarde à transférer les duchés à Godefroy, désigné héritier de son oncle. Godefroy devient enfin duc de Bouillon en 1087, après avoir bataillé contre sa propre tante, Mathilde de Toscane, veuve de son oncle, et contre le duc de Namur, qui désiraient l’apanage de ces terres. Godefroy de Bouillon exerce un pouvoir ducal très novateur à une époque où le pouvoir reste extrêmement concentré entre les mains de l’empereur. Godefroy, au contraire, n’hésite pas à affirmer son propre pouvoir, en intervenant lui-même dans les litiges qui opposent ses sujets.
 
Le Pape Urbain II lance en 1095 un appel à la croisade, dans une chrétienté moralement affaiblie par les tensions politiques qui opposent de nombreux princes au pape.  L’appel ne laisse pas Godefroy de Bouillon insensible, qui fait vœux de se croiser s’il guérit d’un mal qui l’aurait atteint à cette période de sa vie.
 
L’engagement de Godefroy, en 1096, marque un tournant dans l’organisation générale de la croisade qui ressemblait jusqu’à présent à un vaste mouvement populaire. Godefroy est rejoint par ses frères Eustache et Baudoin. Pour avancer des fonds nécessaires à la levée d‘une armée, Godefroy met en gage son duché de Bouillon auprès de l’évêché de Liège. A Constantinople, leur armée est arrêtée par le Basileus Alexis Ier qui veut obtenir leur aide pour lutter contre les forces turques aux portes de son royaume. Alexis Ier les contraint en coupant les vivres des armées croisées. Mis sous pression, Godefroy de Bouillon lui prête serment afin que le basileus laisse ses troupes poursuivre leur chemin. Les armées se remettent en route – une route dure et éprouvante pour les hommes dont les rangs s’éclaircissent au fur et à mesure de la marche. Les armées croisées, désormais assermentées à Alexis Ier, vont d’abord se confronter aux turcs à Antioche.  La prise d’Antioche, en juin 1098, après huit mois de siège, vient remonter le moral des hommes, mais également cristalliser les tensions qui existent au sein du commandement des armées. Les décisions stratégiques sont effectivement difficiles à prendre à plusieurs, et la mort du prélat pontifical qui faisait figure d’autorité rend l’entente plus difficile encore. Alexis Ier n’honorant pas ses devoirs vis-à-vis de ses vassaux croisés, ceux-ci se considèrent relevés de toute obligation à son égard, et reprennent leur chemin vers Jérusalem qu’ils prennent en janvier 1099.
 
Cette victoire appelle à la création d’un nouveau royaume, satellite des États Pontificaux italiens. On pense un premier temps placer Raymond de Toulouse à la tête de cette nouvelle terre, mais c’est finalement à Godefroy de Bouillon qu’échoit cet honneur. Alors qu’on lui proposait la couronne pour régner sur le royaume, on prête à Godefroy de Bouillon cette réponse légendaire : il ne porterait pas une couronne d’or là où le Christ en avait porté une d’épines.
 
Mais la vie politique de Godefroy de Bouillon à Jérusalem ne dure pas longtemps, puisqu’il meurt dans des conditions mystérieuses en juillet 1100.
 
Le titre de Duché de Bouillon reste à l’évêché de Liège jusqu’au XVe siècle où la famille de La Marck récupère le titre, un de ses membres ayant été évêque de Liège. Puis un comte de la Tour d’Auvergne épouse, au milieu du XVIe siècle, l’unique héritière de cette lignée, faisant rentrer le duché de Bouillon dans le fief de la Maison de la Tour d’Auvergne. 

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