CARNET DE L’AMATEUR


10 November 2022

Une visite à l’Hôtel de la Marine

L’ancien garde-meuble royal, après avoir longtemps abrité le ministère de la Marine, a rouvert ses portes au public en 2021, pour le plaisir des grands et des petits.
Le musée offre en effet un parcours didactique, qui nous plonge dans le quotidien de l’intendant du garde-meuble royal, en nous dévoilant tant son cadre de vie que ses activités.
Après avoir pénétré dans ses appartements, où la somptuosité des meubles interpelle le regard du visiteur, la reconstitution des salles d’apparat, salle à manger, grand salon, salle aux miroirs sont autant de témoins d’un XVIIIe siècle fastueux, où les arts sont maîtrisés autant que leur mise en scène.

La galerie Pellat de Villedon a eu l’honneur de fournir plusieurs pièces de mobilier et objets d’art à l’Hôtel de la Marine. Nous ne pouvons donc que vous recommander la visite de ce musée qui valorise, comme nous nous attachons à la faire, l’art de vivre du XVIIIe siècle.
Nous pouvons par exemple attirer votre attention sur une paire de presse-papiers en bronze qui figurent un cerf et une biche, posés sur un bureau de la première pièce qui vous accueille, ou encore sur les petites tables qui jalonnent votre parcours au long des pièces et qui, pour un grand nombre d’entre elles, proviennent de la galerie.
Attardons-nous également sur une pièce provenant de chez nous, et qui figure en bonne place dans le salon d’angle de l’Hôtel de la Marine. Il s’agit d’un ravissant petit guéridon circulaire marqueté en acajou et facilement reconnaissable grâce à ses superbes panneaux qui ornent la ceinture supérieure de fleurettes marquetées. La grande richesse des ornements végétaux – pas moins de cinq espèces différentes y sont représentées – fait écho à celle de la table elle-même, qui est décorée des mêmes motifs.  Le guéridon est aussi caractérisé par ses trois chutes de bronze à tête de bélier. Ce meuble n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la profusion artistique offerte par l’Hôtel de la Marine. On peut presque dire que celui-ci fut, en son temps, le précurseur de nos musées modernes. La foule était effectivement autorisée, tous les premiers mardis du mois, à venir défiler dans la grande galerie, pour y admirer les chefs-d’œuvre royaux alors emmagasinés au Garde-Meuble.

Ce dernier fut initialement érigé pour accueillir l’Intendant dudit Garde-Meuble en 1748, sur l’actuelle place de la Concorde. Le lieu, qui ne fut dirigé que par deux intendants avant la Révolution, se devait d’être un écrin pour les meubles du roi, tout en offrant la possibilité de stocker les meubles et de les y réparer : la dimension technique et celle esthétique étaient extrêmement liées car la Maison du Garde-Meuble devait être capable de concevoir, entretenir ou stocker n’importe quel type de pièce destinée aux maisons du roi. Le bâtiment évolua au fil des ans, connaissant notamment l’ajout d’un appartement à l’entresol pour Madame de Ville d’Avray, épouse du second intendant, ou la construction d’une salle de bal au XIXe, aujourd’hui animée par de grands écrans immersifs qui vous font pénétrer dans le Paris de Rastignac. 

La galerie Pellat de Villedon est donc heureuse voir certaines de ses œuvres, allant de l’encrier à la table, y figurer. Lieu hautement symbolique, aussi bien sous l’ancien régime que sous la République, le musée de l’Hôtel de la Marine réussit à mettre en perspective les arts décoratifs et leur dimension logistique, technique, et voire politique, dans un moment inoubliable.

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