Paire de commodes en console Louis XV

Paire de commodes en console reposant sur deux pieds galbés. Les commodes en console ouvrent par un tiroir laissant découvrir chacun un écritoire gainé de cuir, eux-mêmes laissant découvrir un casier. Elles sont richement marquetées d’amarante, d’érable sycomore et de bois teintés. L’impressionnante ceinture en forme dite « d’arbalète » également galbée sur les côtés est ornée de motifs de branches d’arbres fleuries inscrits dans un cartouches. La paire de commodes en console est garnie de bronzes dorés et ciselés en entrées de serrure, en chutes, en sabots.
Estampillée Carel et par le poinçon de JME
Epoque Louis XV
Restaurations d’usage, cuir probablement refait
H. 85,5 x L. 80,5 x P. 45,5 cm

26000 €

DESCRIPTION

Il est probable que la paire de commodes en console que nous présentons aujourd’hui soient les premières que vous découvriez. En effet, en plus d’être un meuble très rare dans sa forme, l’estampille qu’elles portent n’est pas couramment observée comme nous allons le voir.
Ainsi, la typologie de la commode en console est une typologie assez épisodique dans l’histoire du meuble du XVIIIe siècle. Le Metropolitan Museum va jusqu’à dire qu’elle correspond à une période de production assez courte, qui couvre la décennie 1750 – période à laquelle ce genre de meuble est à la mode. Le dauphin en commande par exemple une paire au marchand-mercier Lazare Duvaux, qui en consigne la livraison dans son livre-journal à la date du 3 février 1757. Le Metropolitan Museum conserve un modèle de commode en console en laque de Coromandel exécutée par BVRB II, commode qui témoigne du goût des élites pour ce meuble de fantaisie souvent destiné à accueillir une glace ou un trumeau dans une salle à manger. Notre paire de commodes en console est donc un rare témoin de l’extrême inventivité des artisans du bois au XVIIIe siècle.
 
La paire de consoles porte l’estampille de l’ébéniste Carel sur la traverse gauche de chaque console.  Jacques Philippe Carel est un ébéniste reçu maître en 1723. Durant ses jeunes années, il travaille à Grenoble dans les ateliers de Thomas Hache. Il en retient une grande dextérité dans l’art du placage et marque, surtout dans sa production Louis XV, une nette dilection pour les marqueteries florales. La nôtre présente un motif large et gras de branches fleuries s’épanouissant avec souplesse le long de la ceinture. Les bronzes présents sur nos consoles sont des motifs récurrents dans les œuvres de Carel, puisque nous retrouvons les mêmes sabots et chutes d’angles sur un bureau plat passé en vente chez Christie’s le 27/04/21 au lot 259.
 
Plus intéressante est une console murale passée en vente chez Artémisia Auction le 28/05/2014, au lot 190. La console est tout à fait similaire aux nôtres, avec un choix de bois semblable, et le même mouvement en arbalète. Nous pouvons donc penser que Carel, dont le corpus d’œuvres identifiées est assez restreint, a produit quelques consoles de la sorte qui sont singulières.
 
Carel a compté parmi sa riche clientèle la maison royale de Suède (le château de Drottningholm conserve encore aujourd’hui une de ses commodes), celle de France, par l’entremise de Gaudreaus qui sous-traitait chez Carel, celle du prince de Wurtemberg. Ses meubles plaisent pour l’élégance raffinée qu’ils affichent, le choix des bronzes toujours de grande qualité et la finesse des formes et des placages. Le Louvre conserve ainsi de lui une commode à deux vantaux. La Frick Collection à New York conserve également une commode à marqueterie florale en bois de bout, et le château de Versailles compte parmi ses collections une paire de bureaux de pente. 
Carel a laissé peu de meubles estampillés, ce qui accroit la valeur de notre ensemble. De cette manière, la rareté est peut-être le mot que nous pouvons retenir en ce qui concerne cette paire de commodes-console.

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