Très rare et impressionnant cabinet en ébène du XVIIe siècle

Cabinet en ébène, peuplier, poirier, amarante, amourette, satiné, écaille de torture, ivoire et os teinté. Il est composé de deux parties distinctes: la partie haute et le piétement. 
La partie haute est surmontée d’une corniche et de deux tiroirs sur la longueur du bâti. On observe différents personnages sculptés sur ces tiroirs, principalement des enfants et des nymphes. En dessous se trouvent deux vantaux comportant chacun un médaillon sculpté représentant une scène mythologique : le jugement de Pâris.
Ces vantaux s’ouvrent sur douze tiroirs entourant deux portes intérieures. Lorsqu’elles sont ouvertes, ces portes laissent apparaître un théâtre entièrement marqueté de bois exotiques, d’os teinté et d’écaille de tortue. De chaque côté du théâtre se trouvent des miroirs qui agrandissent l’espace et accentuent l’aspect architectural. Deux peintures se situent de part et d’autre : Galatée à gauche et le cyclope Polyphème à droite, mis en valeur par l'habile jeu de glace.
Le piétement du meuble possède quatre tiroirs dont la façade, cernée de moulures guillochées entourant une gravure, est similaire aux façades des tiroirs intérieurs du cabinet. 
Deux panneaux gravés représentant des paysages de campagne se situent derrière cinq colonnes torses. Quatre tabliers représentant des chimères aux influences asiatiques se trouvent entre les colonnes, en façade.
Epoque XVIIe siècle
Restaurations réalisées par monsieur Henri Collet
H. 203 x L. 170 x P. 56 cm

120000 €

DESCRIPTION

Le jugement de Pâris :

Les deux médaillons sculptés des portes extérieures représentent le jugement de Pâris. Sur la porte de gauche, on voit Hermès présentant la pomme de la discorde à Pâris, qui est assis. Le jeune homme est reconnaissable à son bâton de berger. Bien que prince troyen, il est, à ce moment de l’histoire, en train de garder les troupeaux sur le Mont Ida. On reconnaît Hermès, le messager des dieux, à son caducée : deux serpents entourent une baguette de laurier ou d’olivier. Il est également identifiable grâce aux ailes qu’il possède sur son casque. 
Sur la porte de droite, on observe trois femmes qui se trouvent être Aphrodite, Héra et Athéna. On reconnaît Aphrodite, déesse de l’amour et du désir, à sa beauté, à sa nudité et à Amour, enfant ailé, qui se trouve à sa droite. Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, est reconnaissable à sa tenue de guerrière . Enfin, on identifie Héra grâce à son animal fétiche qui l’accompagne: le paon. 

L’épisode du jugement de Pâris est très important, puisque c’est l’élément qui déclenchera la guerre de Troie. Cet épisode s’inscrit à la suite d’un précédent événement : la pomme de la discorde. 
En l’honneur des noces de Pélée et Thétis, les dieux organisèrent un festin sur l’Olympe. Cependant, la déesse Eris, déesse de la discorde, jalouse de ne pas y avoir été invitée, décida d’envoyer sur la table du banquet une pomme d’or sur laquelle on pouvait lire « pour la plus belle ». Trois déesses se disputèrent cette pomme : Aphrodite, Athéna et Héra. Afin de les départager et de savoir à qui cette pomme reviendrait, Zeus décida qu’un humain serait juge, et il envoya Hermès réveiller Pâris, prince troyen, qui faisait la sieste sur le mont Ida. Apparurent alors à Pâris les trois déesses, qui lui proposèrent chacune un cadeau si ce dernier consentait à leur décerner la pomme. Aphrodite lui promit la main de la plus belle femme du monde, Athéna lui promit les plus grande victoire et Héra la souveraineté sur tous les hommes. 
Pâris choisit de décerner la pomme à Aphrodite. Hélène étant alors la plus belle femme du monde, Pâris ira la ravir à Ménélas et l’emmènera à Troie, déclenchant ainsi la longue guerre de Troie, puis le retour chaotique de Ulysse et de ses compagnons qui seront les sujets de l’Illiade et de l’Odyssée. 


Pan :

Plusieurs éléments évoquent le dieu Pan, divinité des bergers, des troupeaux et des bois. Dès la renaissance, ce dieu, qui se présente sous la forme d’un satyre, est associé à la luxure. 
Ces représentations se trouvent principalement sur les tiroirs sculptés du haut du cabinet. On y voit des enfants (ou putti) qui jouent avec les nymphes, une chèvre (tiroir de gauche) ou encore en train de chevaucher un satyre (tiroir de droite). Ces putti se mélangent avec des femmes lascivement allongées sur les côtés des tiroirs (les nymphes), parfois dans des scènes très suggestives comme sur le tiroir de droite où un enfant soulève la robe d’une de ces nymphe. 
Sur les portes on observe également des médaillons dans lesquels sont sculptés des femmes qui pourraient représenter les cinq sens. Une femme se regarde dans un miroir (la vue), l’une tient un oiseau (le toucher et l’ouïe), une autre porte une fleur à son nez (l’odorat) et la dernière tient un verre à la main (le goût). En effet, Pan possède une prédilection pour les plaisirs des sens, ce que pourraient représenter ces figures de femmes. 


Galatée et Polyphème :

Galatée est une divinité marine aimée du cyclope Polyphème (le fameux cyclope chez qui échouera Ulysse et ses compagnons de voyage lors de leur retour de Troie). Cependant, Galatée aime Acis, fils du dieu Pan. Un jour qu’ils sont tous deux enlacés, Polyphème les surprend. Fou de jalousie, il lance un énorme rocher sur le jeune berger et le tue. Galatée transformera alors son bien aimé en fleuve. 
Sur ces peintures, on voit Galatée à gauche et Polyphème, prêt à jeter son rocher, à droite. Galatée est reconnaissable au grand voile qu’elle tient dans sa main, que l’on retrouve très souvent dans les représentations de la divinité. 


Aphrodite et Ploutos :

Les deux figures mythologiques gravées sur les portes intérieures pourraient être Aphrodite et Ploutos. En effet, la femme à gauche, représentée nue, est accompagnée d’amour, enfant ailé avec son arc et ses flèches. Le jeune homme de la porte de droite tient une serpe dans sa main droite et une corne d’abondance de l’autre côté. Ploutos, souvent représenté sous les traits d’un jeune homme étant le fils de Déméter, cela pourrait expliquer la serpe. La corne d’abondance est son attribut. 

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