Tapisserie de la manufacture royale des Gobelins commandée par Louis XIV
Tapisserie de la manufacture royale des Gobelins illustrant un repas de chasse probablement en forêt de Soignes, portant plus précisément sur le thème : « des chasses de Maximilien ». Cette dernière symbolise le mois de novembre et représente un banquet de chasse d’après les cartons du peintre Bernard Van Orley, par le maître d’ouvrage Jean Delacroix Père. Le premier plan laisse voir une table de fortune sur laquelle est posée une nape et des plateaux autour de laquelle de riches seigneurs se préparent à manger. Plusieurs chasseurs ainsi que leurs emblèmes font références à Charles V. Les serviteurs qui apportent les plats se distinguent par le torchon blanc qui portent au bras ou autour du coup. La seconde table dressée est entourée par des personnes en armes qui se préparent également à manger. Le roi Soleil Louis XIV est symbolisé par la représentation du soleil sur un vase posé en dessous de la table centrale. La bordure qui encadre la tapisserie est richement ornée de motifs de tores, de lauriers, d’enroulements de fleurs et de fruits animés d’oiseaux attribuée probablement à Jean ou Guillaume Tons. La partie haute de cette dernière est illustrée par un médaillon représentant le signe du sagittaire. Elle est commandée par ordre royale de Louis XIV en 1704 et achevé en 1706 pour le Château royal de Fontainebleau Laine et soie Restaurations d’usage H. 420 x L. 337 cm
195000 €
DESCRIPTION
Le XVIIIe siècle français est connu dans le monde entier pour l’élégance de son art de vivre, pour ses illustres personnages historiques mais aussi pour l’exceptionnelle qualité de ses objets d’art. L’oeuvre que nous présentons aujourd’hui est un excellent témoin de ces trois éléments. Nous avons donc le plaisir de vous faire découvrir une tapisserie aux dimensions importantes, à l’incroyable état de conservation, à la fabrication royale et à la destination prestigieuse. Pour évoquer le raffinement de cette société, nous ferons tout d’abord référence à la beauté et à l’utilité d’une telle oeuvre. Ainsi, les tapisseries sont de véritables tableaux qui habillaient et habillent encore les murs des grandes demeures. Situées entre deux fenêtres (d’où son nom « d’entre-fenêtres »), ces tapisseries visaient à rendre plus vivant un espace (à l’heure où les photographies et les films n’existaient pas), à l’agrandir par la profondeur qu’elles mettaient en scène. Celle-ci, mesurant 420 cm de hauteur et 337 cm de largeur représente « Les chasses de Maximilien » (appelée aussi "Les belles chasses de Guise" ou encore "Les chasses avec les mois de l'année"), plus particulièrement le mois de Novembre (représenté par le sagittaire dans le médaillon de la frise supérieure). Nous pouvons y reconnaître la forêt de Soignes par la multitude de détails colorés que sont les arbres, les feuilles, les branches, les fougères, les animaux ainsi que par la pièce d’eau. De nombreux chasseurs se mettent à table à l’occasion d’un banquet accompagnés par leurs serviteurs (ils sont reconnaissables par le torchon qu’ils portent autour du bras ou du cou). Comme l’évoque monsieur Laurent Asselineau dans son certificat d’expertise, cette tapisserie est, en résumé, une véritable « fenêtre ouverte sur le monde ». Cette tapisserie fait ainsi partie d’une série de douze tapisseries (les autres étant les onze mois suivants). Elles reprennent les cartons du peintre Bruxellois Bernard Van Orley, déjà utilisés pour une première série de tapisseries du même thème (datant du XVIe siècle) et qui est aujourd’hui conservée au musée du Louvre, qualifiée par ce dernier, dans sa fiche, de « l'un des chefs-d’oeuvre de l'art de la tapisserie ». Cette série réalisée bien avant la nôtre, plut suffisamment au plus grand mécène-monarque : Louis XIV, pour en faire retisser. De cette manière, la tapisserie que nous présentons fait partie de l’une des séries commandées par Louis XIV, lui qui était très friand de chasses. Ce roi la commande, par ordre royal, en 1704 pour le château de Fontainebleau (et est livrée en 1708). Il est représenté sur le dessin par un soleil au centre de l’oeuvre, sur un vase disposé en dessous d’une table. En plus de présenter le goût du roi le plus célèbre de France, cette tapisserie est aussi le témoin du concours d’excellence que s’imposaient les artisans. En effet, les « Chasses de Maximilien » ont été conçues par la Manufacture Royale des Gobelins, soit dans les meilleurs ateliers de tapisserie de l’époque. Le maître d’ouvrage est Jean Delacroix Père comme l’indique son nom tissé en bas à droite. Les couleurs toujours présentes, ainsi que la complexité du tissage fait de laine et de soie, et l’étonnante expression des personnages montrent à quel point cette oeuvre est de qualité. Comme nous l'avons dit précédemment, cette tapisserie fait partie d'une série. Or, il est légitime de nous poser la question : où sont les autres tapisseries de cette série ? Ou encore, y a t-il d'autres séries ? L'Histoire des commandes mérite en effet d'être approfondie. Après avoir acquis les tapisseries du XVIe siècle, Louis XIV commande en 1685 une copie pour le château de Versailles (douze tapisseries portant le n°157). Puis, en 1691, il en commande une deuxième série pour le château de Fontainebleau (douze tapisseries portant le n°172). En 1704, il décide de réaliser une troisième commande un peu particulière cette fois, et c'est celle-ci qui nous intéresse. Il commande douze tapisseries pour compléter les deux séries précédentes déjà livrées au Garde-Meuble : six à destination de Versailles (portant le n°186 et complétant le n°157) et six à destination de Fontainebleau (portant le n°187 et complétant le n°172). Six sujets furent sélectionnés et furent donc exécutés deux fois. En plus d'être rattachées à des séries déjà existantes, les formats de ces tapisseries sont différentes : ce sont des entrefenêtres comme nous l'avons mentionné précédemment, le sujet est par conséquent coupé en deux (d'où la mention dans les inventaires de l'entrefenêtre "gauche" ou "droite"). La tapisserie que nous présentons fait donc partie de la série de six complétant la série de douze commandée en 1691 pour le château de Fontainebleau d'après son numéro d'inventaire ("n°187 - Entref. pr. les B. CH. n°172"). Elle fut commandée en 1704 et livrée en 1708. Ces trois commandes sont les seuls achetées pour meubler les châteaux royaux de Louis XIV. En revanche, elles eurent un tel succès que d'autres commandes furent employées : une quatrième tenture (qui ne comprend qu'une seule pièce), une cinquième (commandée en 1723 et offerte au duc de Charost, gouverneur du roi), une sixième (commandée par la princesse de Conti), une septième (commandée pour le duc d'Antin) et enfin une huitième (commandée par le comte de Toulouse). De nos jours, ces chefs-d'oeuvre sont pour la plupart conservés par de prestigieux musées. Les trois séries commandées par Louis XIV sont exposées : au Metropolitan Museum de New York, au Mobilier National, au Philadelphia Museum of Art, au Beaverbrook Art Gallery à New Brunswick (Canada).
Vous apprécierez