Commode à pont attribuée à Etienne Doirat

Commode à pont en bois de palissandre ouvrant par quatre tiroirs sur trois rangs et reposant sur quatre petits pieds. La commode est garnie de bronzes dorés sur un fond de marqueterie en pointe de diamants en sabots de pied, en entrée de serrure, en motif de masque de Cérès, en mains de tirage feuillagées, en chutes, en filet de bronze soulignant le pourtour du meuble, en poignées de tirage sur les deux côtés. La ceinture de la commode est galbée et forme un « pont » (le tiroir du milieu étant absent). 
La commode est surmontée par un dessus de marbre griotte de Campan rouge.
Attribuée à Etienne Doirat 
Epoque Régence
Restaurations d’usage, marbre restauré, deux poignées latérales manquantes rapportées
H. 84 x L. 107 x P. 60 cm

42000 €

DESCRIPTION

Le meuble de notre étude est une commode que nous pouvons dater de l’époque Régence. Plusieurs éléments nous donnent des indices quant à sa datation, mais également sur son auteur. Nous pouvons aisément attribuer cette commode à l’ébéniste Etienne Doirat (1675-1732).

Il s’agit d’une commode dite « à pont » (appelée ainsi pour la forme de son bâti formant un « pont »). Ce galbe en façade, sur les côtés et les montants indiquent que le style louisquatorzien n’est plus. Ces courbes affirmées sont le résultat d’une très grande technicité. Ce savoir-faire ne cesse de se developper et de se perfectionner dans ce premier tiers du XVIIIe siècle. 

La richesse des bronzes marque aussi la production de cette époque. En effet, ils ne sont pas seulement là pour renforcer la solidité du meuble, mais ont aussi un rôle décoratif. Les motifs à la mode sont inévitablement la coquille et les têtes de personnages comme nous le prouve notre commode. De plus, c’est notamment grâce à ses bronzes que nous pouvons l’attribuer au talentueux ébéniste Etienne Doirat. Sa production est composée notamment de nombreuses commodes. Selon Jean Dominique Augarde, seules ses oeuvres tardives sont estampillées (rappelons que l’estampille n’est obligatoire qu’à partir de 1743). Ainsi, plusieurs commodes portant « sa signature » nous rappelle l’oeuvre de notre étude. C’est le cas du lot 25 de la vente du 14 mars 2018 chez Christie’s Londres, et de la commode signée reproduite dans l’article de monsieur Jean Dominique Augarde dans « Etienne Doirat, Menuisier en ébène » dans le J. Paul Getty Museum Journal.

D’autre part, l’importance donnée au frisage de la marqueterie ne peut que nous confirmer l’attribution à Etienne Doirat. Il appréciait particulièrement mettre en valeur les bois de placages, qu’il choisit avec soin parmi les essences les plus prestigieuses (telles que l’amarante, le bois de violette, le bois de rose ou encore le palissandre). Les pointes de diamant sont des motifs qu’il affectionne particulièrement. 

Tant cette commode regorge de détails, que ce soit dans ses garnitures en bronze que dans ses jeux de fraisages, il nous est impossible de ne pas remarquer sa grande qualité. 

Sources:
Kjellberg (Pierre), Le mobilier français du XVIIIe siècle, Les éditions de l’amateur
Demetrescu (Alain), Le style Régence, Les éditions de l’amateur
Augarde (Jean Dominique), Etienne Doirat - Menuisier en ébène, The J. Paul Getty Museum Journal Vol. 13

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